La diachronique[1] prévisible d’un individu est la résultante de l’action continue des facteurs constituants l’Habitus primaire et de l’Ethos. Ici, ces facteurs familiaux et la trop lente métamorphose des mœurs exercent sur son comportement une causalité structurale inconsciente qui est source d’exclusion :
* culture traditionnelle à forte connotation religieuse. Celle-ci, dans les familles, passe avant les principes républicains de la France.
* analphabétisation ou simples rudiments de la langue du pays d’accueil mais aussi de la langue arabe littéraire
Cette situation de diglossie[2] handicape fortement ces enfants par rapport aux Français d’origine Ils entrent à l’École en ayant, dès le départ, non un esprit inculcable[3] mais, hélas, une déformation de langage préjudiciable qu’il faut reculturer. Nombre de jeunes enfants doivent être suivis par un orthophoniste.
* manque de racines culturelles, de références (écrit, peinture, sculpture, théâtre). Le Musulman se réfère à la langue arabe alors que très peu sont capables de la lire, de la comprendre, de la commenter. L’arabe littéraire s’apprenant essentiellement dans le Coran, très peu sont capable de comparer l’Islam aux autres Religions de tradition abrahamique ou d’Asie.
La grande préoccupation des intellectuels algériens est la recherche de racines au travers de l’archéologie. Toute référence culturelle visuelle est absente, au niveau populaire, ne reste que la référence auditive à laquelle ils sont sensibles et par laquelle ils sont capables d’innover (le « Rai »).
Nous sommes en présence «d’aveugles» au sens psychologique du terme. Ces personnes montre, par contre, une grande faculté du type « auditif » :
* il y a un déphasage de la catégorie sociale d’appartenance par rapport :
1° aux catégories sociales vivant au Maghreb
- en France, ils ont un minimum d’instruction
(présence à l’École à partir de 3 ans et suivent les cours au moins jusqu’à 16 ans)
- ici, certains possèdent une qualification professionnelle, voire de Niveau III ou plus, pour ceux ayant accepté et supporté la reculturation française, ce que, pour beaucoup d’entre eux, ils n’auraient pu espérer dans leur Pays d’origine.
- ici, ils ont une sécurité de vie : ils habitent un état de droit
- ici, ils se sentent supérieurs aux catégories sociales de leur pays d’origine, ils font partie des CS supérieures même pour les plus humbles, économiquement parlant.
2° aux catégories sociales métropolitaines
- mais ici, pour beaucoup d’entre eux, ils restent, voire redeviennent, des exclus en puissance du fait de notre mutation économique profonde qu’ils ne savent pas et donc ne peuvent pour la majorité intégrer.
Malheureusement, ne pouvant l’admettre, ils font appel au système d’entraide, aux petits boulots mais surtout ils se réfugient derrière une fatalité bien confortable pour certains : « Allah le veut »
* La Tradition agnatique La femme ne peut rien faire que subir le joug traditionnel où elle ne sent «libre» que dans la cellule familiale. Pourtant, nous remarquons que les Musulmans ayant épousé une Infidèle ont des enfants plus éveillés que ceux dont les 2 parents sont issus du Maghreb.
L’Européenne, même la plus humble a une culture inconsciente syncrétique et répond aux sollicitations. L’enfant est moins perdu, ses goûts plus éclectiques, il fait des comparaisons. L’enfant peut prendre la quintessence des deux origines.
Si la femme maghrébine, citoyenne française, acceptait d’épouser un Européen, elle doublerait vraisemblablement les chances d’insertion de leurs enfants.
* Les Maghrébins, dans leur ensemble, restent sensible à l’identification inconsciente de la représentation de l’image paradigmatique[4] de l’expérience de Rosenthal. Au travers elle, ils projettent «l’image de Soi» qui, aujourd’hui, leur sert d’alibi. Peu profite de la qualité, de la diversité de l’Enseignement et des orientations professionnelles du pays accueil. NOTA BENE : Nous assistons néanmoins à une naissance d’une culture littéraire et cinématographique. Les auteurs ont été d’abord immergés dans le constructum[5] linguistique, acquis la complexité de la structure syntaxique d’une langue européenne, qu’ils ont appliqué ensuite à leur Art pour la plupart.
La Nahda (Renaissance Arabe) remonte à la Conquête de l’Egypte par Bonaparte en 1798, soit 5 ans après la Déclaration des Droits de l’homme, après la naissance de la Démocratie.
A partir de cette période, apparaît une élite intellectuelle, libérale, occidentalisée. Fascinée par l’Europe, elle inaugure l’Ijtihâd (effort de rénovation de la Sharî’a - la loi Divine du Coran - et de la conciliation entre l’éthique coranique et les exigences de la modernité).
Deux penseurs contribuent à alimenter ce renouveau :* Mohamed Abdoh qui plaide l’autonomisation des pouvoirs politiques* Le cheikh’ Ali ‘Abdel Râziq qui démontre que la notion de Califat (pourvoir spirituel et temporel exercé par un souverain) n’a aucun fondement dans la Révélation du Prophète.
[1] diachronie : évolution des faits dans le temps
[2] diglossie : état d’une personne qui parle deux langues de niveaux socioculturel différents, par exemple patois à la maison et langue littéraire à l’école.
[3] Inculcable : qui a déjà par son habitus primaire, un terrain favorable à l’apprentissage de la culture environnante
[4] image paradigmatique de l’expérience de Rosenthal : Rosenthal a prouvé par ses travaux que l’individu prend en référence une image forte de son environnement de sa catégorie socioculturelle qu’il va décliner à l’infinie. Cette image est recherchée par les chefs de projets afin de mieux vendre leurs produits auprès d’une catégorie d’acheteurs ciblée.
[5] Constructum : modèle linguistique –grammaire, conjugaison et syntaxe d’une langue codifiée.