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21 avril 2022 4 21 /04 /avril /2022 18:13

Essai d’exploration de l’inconscient par C.G. Jung en police droite et mes réponses en police marron et en italique.

Nous avons les symboles « naturels » qui proviennent des contenus inconscients de la psyché et représentent un nombre considérable de variation des images archétypales. Et nous avons les symboles « culturels » sont ceux qui ont été utilisés pour exprimer des « vérités éternelles » et sont encore en usage dans beaucoup de religions et de croyances et sont devenus ainsi des images collectives acceptées par les sociétés civilisées. Ces symboles culturels gardent une grande part de leur caractère numineux originel.

Le concept de « numineux » apparaît pour la première fois chez Rudolf Otto dans son livre « Le Sacré », publié en 1917. L'expérience numineuse est pour lui l'expérience affective du sacré.

Otto crée ce nouveau concept depuis le latin numen, la puissance agissante de la divinité. Le numineux est compris comme mysterium tremendum. Les deux notions sont intimement liées dans le concept de numineux. Le tremendum est l’effroi ou la terreur de la divinité, dans tout ce qu’elle a d’incompréhensible et de mystérieux. Le mysterium est l’appréhension d’un tout autre, altérité radicale, qui nous paralyse et nous fascine. Il prend ainsi la forme du fascinans, celui qui « séduit, entraîne, ravit d’étonnement », emporte dans « le délire et l’ivresse ».

Le sentiment religieux est donc sentiment de dépendance face à la divinité transcendante.

Carl Gustav Jung, dans le cadre de sa psychologie analytique, rattache le numineux aux archétypes, formes symboliques innées et constitutives de l'inconscient collectif. Jung s'intéresse à l'interaction de l'inconscient et du conscient chez les individus souffrant d'un trouble psychique, qui pourrait être résolu en accédant au numineux : « Ce qui m'intéresse avant tout dans mon travail n'est pas de traiter les névroses mais de me rapprocher du numineux... l'accès au numineux est la seule véritable thérapie ». Quand il prend fait et cause pour le numineux, Jung éveille en nous un sentiment primitif de panique et cette ambivalence que nous ressentons vis-à-vis de ce qui nous dépasse. En relation avec le divin – que nous ne comprenons pas. Pour chacun ces phénomènes mystérieux qu’il ne parvient pas à expliquer de manière rationnelle et qui, par conséquent, laisse à penser qu’il est relatif au divin.

On sait qu’ils peuvent provoquer chez certains individus une réaction affective très profonde et cette charge psychique les fait fonctionner à peu près comme des préjugés. Pourtant ils sont un élément important de notre structure mentale et jouent un rôle vital dans l’édification des sociétés humaines. Il serait dommageable de les négliger ou de les refouler. Des tendances qui peuvent avoir une influence bénéfique se transforment alors en démons sitôt refoulés. C’est pourquoi des gens bien-pensants ont une peur compréhensible de l’inconscient et accessoirement de la psychologie. C’est pour cela que les statues, les représentations picturales dans nos églises et cathédrales ont une telle influence prise au premier degré.  J’évoque ici les gargouilles, les mascarons représentant une figure humaine parfois effrayante, à la fonction apotropaïque – l’adjectif apotropaïque (du grec apotropein, « détourner ») est appliqué à ce qui conjure le mauvais sort, vise à détourner les influences maléfiques. Une amulette, par exemple, elle est censée prémunir contre le malheur la personne qui la porte, est un objet auquel on prête des vertus apotropaïques.

L’homme moderne ne comprend pas à quel point son « rationalisme » - qui a détruit sa faculté de réagir aux symboles et a des idées numineux l’a mis à la merci de ce monde psychique souterrain. Il s’est libéré de la superstition – du moins il le croit - mais se faisant il a perdu ses valeurs spirituelles à un degré alarmant.

Je traiterai plus en détail dans le processus d’individuation, ci-dessous.

Déjà Louis Pasteur nous avertissait : Un peu de science éloigne de Dieu, mais beaucoup y ramène. Petit à petit nous nous sommes éloignés des lieux « saints » églises, chapelles, cathédrales où ces symboles culturels nous apprenaient beaucoup.  Alors c’est vrai que le Curé du mon quartier avait tendance à nous affirmer que les « saucisses poussent dans les arbres ».  Il ne faut pas oublier pour que la civilisation s’instaure depuis le Moyen Age, « l’épée et le goupillon » ont dû faire alliance. Cependant les Bâtisseurs des Cathédrales ont su instruire celui qui voulait apprendre à lire. Que l'on soit à l'extérieur ou à l'intérieur d'une cathédrale, nous sommes séduits par son architecture et sa profusion de décors. Mais une autre dimension nous interpelle : leur construction. Quels hommes ont eu l'audace de lancer de tels défis ? Comment ont-ils réalisé ces prouesses techniques ? La réponse à ce "mystère des cathédrales" n'est-elle pas à chercher dans le génie des bâtisseurs ? Ne serait-ce pas « ce que les penseurs médiévaux ont appelé "l'Éternelle Sagesse" Aujourd’hui la Franc maçonnerie tente de garder cette connaissance.  Je pense ici à notre ami Guy Tarade qui a mis dans ses livres cette connaissance à la disposition de tous.

Les anthropologues ont souvent décrit ce qui se produit lorsque les valeurs spirituelles d’une société (primitive et aujourd’hui nous le constations dans notre civilisation moderne – où la science prend le pas sur le spirituel -) sont exposées au choc de la civilisation moderne. Les membres de cette société perdent de vue le sens de leur vie, leur organisation sociale se désintègre et les individus eux-mêmes se décomposent moralement. Nous nous trouvons actuellement dans la même situation. Pour l’homme moderne nous avons dépouillé toute chose de leur mystère et de leur numinosité : plus rien n’est sacré à l’homme du XXI°S. L’humain n'est-il pas en train de revenir un animal ?

Aujourd’hui nous nous parlons de la « matière ».  Nous décrivons ses propriétés physiques. Nous menons des expériences en laboratoire pour démontrer quelques-uns de ces aspects. Mais le terme « matière » reste un concept purement sec, inhumain et purement intellectuel qui n’a plus de sens psychique pour nous.

Combien était différente l’image archaïque de la matière, la Grande Mère, Gaïa la déesse mère qui pouvait embrasser et exprimer le sens affectif profond de la Terre Mère. De même ce qui était autrefois « l’esprit » est aujourd’hui identifié avec l’intellect cessant d’être le Père de tout. L’immense énergie affective qui s’exprimait dans le « Notre Père » se perd dans les sables d’un désert intellectuel.

Autrefois les principes – et valeurs – étaient honorés par toutes sortes de rites qui du moins montraient l’importance psychique que ces principes n’avaient pour l’homme. Hier on allait à l’intérieur de l’Eglise et aujourd’hui nous avons tendance à nous promener dans la forêt : sait-on pourquoi ? Faisons de la régression, remontons à la petite enfance... allons plus loin, nous sommes dans le ventre de notre maman, nous savons ce que veut dire Gaïa, nous sommes au Paradis. Et même si nous ne voyons pas le père, nous savons qu’il est à l’origine de tout cela. Ces trois endroits – lieux de culte, forêt, ventre de maman – ont la même signification. Dans ces lieux l’homme est en communication avec lui-même et avec le Cosmos.

A mesure que la connaissance scientifique progresse, le monde se déshumanise.  L’homme se sent isolé du Cosmos – même si notre astronome national Thomas Pesquet nous fait rêver, nous sommes encore loin de la physique quantique. – et il ne sent plus engagé dans la nature et perd sa participation affective inconsciente avec les phénomènes. Son contact avec la nature – pour certains -a été rompu et avec lui a disparu l’énergie affective profonde qu’engendraient ses relations symboliques.

Et pourtant, même si cette énergie est ignorée, rejetée, elle est toujours présente partout nous envoyant sans cesse un message subliminal. Les nombres 13 ou 4 ne sont-ils pas tabous ? Force est de constaté l’homme moderne est en fait un curieux mélange de caractère acquis au long d’une longue évolution mentale millénaire. Est-ce que je vais bien dormir dans ma chambre d’hôtel qui porte le chiffre 13 ? Quelle est la signification de ce nombre ? Le curieux l’associera à l’Archétype de l’Autorité.  Et le nombre 4 ? Et pourtant, nous le constatons le carré qui a 4 côtés a la même valeur que le cercle.

Le monde est représenté par le cercle qui fait 360°. Mais le carré a aussi 4 côtés de 90° oui, il porte à la réflexion. N’oublions pas l’étoile à 5 branches – le Pentagramme tout comme l’étoile à 6 branches – qui s’inscrit lui aussi dans le cercle. Nous voyons par exemple sur la porte de l’église de Roquebillière une colonne cassée qui tombe, sise sur un carré que l’homme doit remettre en place. Nous savons que si un homme s’abstient de montrer ses sentiments, de les exprimer c’est souvent pour voiler sa faiblesse.

Ces exemples montrent la façon dont les archétypes se manifestent dans l’expérience pratique. Ces archétypes sont chargés d’affectivité, de sentiments et trouvent un écho dans notre inconscient. L’image acquiert alors de la numinosité. Elle devient dynamique et entraine nécessairement des conséquences. Les archétypes ne se mettent à vivre que lorsqu’on s’efforce de découvrir pourquoi et comment ils ont un sens pour TEL individu et qu’un autre y verra autre chose. Les mots que l’on utilise sont vide et sans valeurs. Les mots naissent de la vie que si l’on s’efforce de tenir compte de leur numinosité, c’est-à-dire de leur relation à l’individu vivant. Tout discours doit être relié à l’individu tant sur le plan raisonnable qu’émotionnel. Prenez un bébé dans vos bras et vous lui dites « Je t’aime mon poupon » tout en le secouant.  Il ne va pas vous sourire mais pleuré, crié d’effroi. C’est ce que nous dit la statue de Saint Denis, sa tête à la hauteur du cœur.

Si la science et le raisonnement à fait perdre une partie croissante de cette énergie psychique primitive, il semble que l’inconscient ait conservé les caractéristiques qui appartenait à l’esprit humain originel. C’est à ces caractéristiques que se réfèrent les symboles oniriques. Ils ressurgissent souvent aussi à travers les déesses, les mythes. A travers ses symboles, ses mythes qui sourdent les illusions, les fantasmes les formes de pensées archaïques, les instincts dont la conscience n’a plus la maitrise, explique la résistance que des personnes peuvent éprouver tout ce qui touche le monde de l’inconscient. Non, il ne s’agit pas de survivances qui soient neutres ou indifférentes. Bien au contraire, elles sont chargées d’énergie et peuvent provoquer plus que des malaises. Elles entrainent des peurs réelles et plus ces peurs sont refoulées, plus elles empirent et s’étendent sur la personnalité entière sous forme de névrose. Dont les TOC, les manies par exemple en sont les symptômes.

Comme l’évolution de l’embryon retrace les étapes de la préhistoire, l’esprit traverse lui aussi une série de stades préhistoriques. La principale tâche des rêves est de rappeler à notre souvenir cette préhistoire et le monde de l’enfance, jusqu’au niveau des instincts les plus primitifs. Cette observation confirme le point de vue selon lequel les lacunes dans le souvenir d’enfance (une prétendue amnésie) représentent une perte affective – souvent les enfants qui ont été malmenés ont préféré mettre sous le tapis leurs souvenirs. C’est une protection que le subconscient leur offre - et la remémoration un accroissement de la vie et de bienêtre. Cet esprit originel est tout aussi présent, tout aussi actif chez l’enfant que les stades d’évolution physiologique de l’humanité le sont dans son embryon. Ces contenus ne sont pas neutres, leur assimilation modifiera la personnalité et réciproquement, les contenus subiront des changements. A ce stade ce qu’on appelle le « processus d’individuation » - qui sera traité ci-dessous - l’interprétation des symboles joue un rôle important du point de vue pratique : ces symboles sont des tentatives naturelles pour réconcilier et réunir les contraires dans la psyché.

Il faut garder cette valeur affective présente à l’esprit et en tenir compte pendant tout le processus intellectuel d’interprétation des rêves. On ne perd que trop facilement contact avec elle, car penser et sentir sont deux opérations si diamétralement opposées que l’une exclut presque automatiquement l’autre et vice et versa. Sans la reconnaissance et l’expression du ressentir on passe à côté d’une moitié de l’être, penser et ressentir sont les deux aspects qui font l’humain. Penser est une action raisonnable alors que le ressenti fait appel à l’émotionnel.

 

 

 

L’homme et ses symboles.  C.G. Jung Edition Robert Laffont ISBN 2-221-50331 – 7

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